Emacs
peut gérer plusieurs tampons en même temps. En fait, comme
pour la longueur d'un tampon[4], la
limite est physique: tant que vous avez assez de mémoire, vous pouvez ouvrir un
nouveau tampon.
Voilà qui est bien utile pour travailler: il est souvent nécessaire de
travailler simultanément sur plusieurs fichiers en même temps. Sous
Emacs
, pas de problème. Cela permet même de laisser de côté un
fichier ouvert pour y revenir plus tard, d'ouvrir un brouillon, bref une
liberté totale d'action.
Comment ouvrir simultanément plusieurs tampons ? en fait, il suffit d'ouvrir un nouveau fichier et ce dernier prend automatiquement la place du tampon courant. l'ancien est conservé et n'apparaît plus à l'écran.
C-x C-f (find-file) : ouvre un nouveau fichier C-x b (switch-to-buffer) : met à l'écran le tampon spécifié
Cette dernière commande permet de passer d'un tampon à l'autre. Par défaut,
Emacs
propose le dernier tampon ouvert: il suffit alors de taper
sur « Entrée ». Sinon, taper le début du nom du tampon et
« tabulation » pour avoir la fin.... puis « Entrée ».
C-x C-b (list-buffer) : fait apparaître la liste des tampons en mémoire.
Il suffit de cliquer avec la souris (bouton du milieu) pour faire apparaître le tampon désiré. On peut aussi rendre active la fenêtre de la liste (M-v) puis déplacer le curseur sur le bon tampon et valider.
C-x k (kill-buffer) : détruit un tampon.
Par défaut, Emacs
propose de détruire le tampon en édition. Si
l'on appuie sur la touche « Entrée », c'est ce qu'il se passera.
Sinon, écrire le nom d'un autre tampon et valider.
Le fait de jouer avec plusieurs tampons implique de la part de
Emacs
une gestion indépendante des tampons. Dès-lors, vous ne
devez pas quitter Emacs
n'importe comment car il se peut qu'un
tampon n'ait pas été sauvegardé. En cas d'accident (sortie du serveur
X sans sortir d'Emacs
, « kill »
malheureux, « crash » du système, etc... ), il
suffit souvent de relancer Emacs
. Lors que vous réessayerez
d'ouvrir le fichier accidenté, Emacs
vous signalera qu'il existe
une version mal enregistrée et vous proposera de la garder. Il suffira de
taper:
M-x recover-file (le nom du fichier incriminé)
et tout sera réparé.
Il est parfois pratique de visualiser simultanément deux textes en parallèle.
Cela permet un contrôle visuel des différences par exemple (quoiqu'il existe
des outils bien plus puissants pour effectuer cette opération: cf.
diff
et man diff
pour plus d'informations). Or
ouvrir deux tampons, c'est bien joli mais encore faut-il pouvoir les visualiser
simultanément.
Emacs
peut le faire facilement. Mieux encore, il permet de
visualiser plusieurs tampons simultanément. La limite, là encore, est
matériel: c'est l'écran... essayer de visualiser plus de quatre tampons
devient « clownesque ». Quant à l'utilité... Enfin, essayez et
vous verrez :-)
C-x 2 (split-window-vertically) : découpe le tampon en deux fenêtres superposées. C-x 3 (split-window-horizontally): découpe le tampon en deux fenêtres juxtaposées. C-x o (other-window) : passe à la fenêtre suivante. C-x 0 (delete-windows) : détruit la fenêtre courante. C-x 1 (delete-other-windows) : détruit toutes les fenêtres sauf la fenêtre courante. C-x ^ (enlarge-window) : augmente la hauteur (rien) (shrink-window) : diminue la hauteur
Ces deux dernières commandes sont tout bêtement remplacées par l'utilisation de la souris sous X. Il suffit de cliquer sur la barre d'état avec le bouton droit et d'agrandir ou diminuer suivant les besoins. C'est pour le coup beaucoup plus pratique et rapide :-)
Rien n'empêche de cumuler ensuite des fenêtres juxtaposées avec des fenêtres superposées, si ce n'est la lisibilité. En tout cas, amusez-vous bien...
X Window (que l'on appelle aussi X11) est l'environnement graphique standard d'Unix. On a alors accès aux fenêtres avec ascenseur, la gestion de la souris, etc. même si la plupart de ces avantages sont disponibles en mode console sous Linux.
Emacs
étant né un peu avant X11, ou au moins à une
période où tout le monde n'avait pas forcément les moyens d'avoir accès à un
serveur X, tous ces avantages ont été implémantés sous les formes vues
précédemment: tampons multiples, déplacements aisés au sein d'un tampon et des
autres, gestion de la souris, etc... donc en fait utiliser
Emacs
sous X n'apporte pas ou peu d'avantages
supplémentaires. On peut simplement signaler l'utilisation des cadres
(« frame » en bon anglais).
Le cadre est une nouvelle fenêtre graphique qui vient se superposer à votre
ancien tampon. Elle a alors toutes les propriétés d'une fenêtre sous
X et peut se déplacer à la souris, se redimensionner (j'y vois là
d'ailleurs le seul avantage de X, avec de belles couleurs!),
etc. Bref, un objet graphique comme un autre sous votre gestionnaire
de fenêtres. Ainsi, on peut garder sous la souris tous les tampons que l'on
désire... On peut les icônifier aussi. C'est pratique mais n'apporte pas
de réelles et nouvelles fonctionnalités à votre Emacs
.
C-x 5 2 (make-frame) : crée un nouveau cadre. C-x 5 o (other-frame) : active le cadre suivant C-x 5 0 (delete-frame) : détruit le cadre actif.
Emacs
a un avantage énorme sur beaucoup de logiciels: il intègre
une masse faramineuse de documentation. Cette documentation est d'ailleurs si
riche qu'elle perturbe souvent le débutant: c'est la raison principale pour
laquelle j'ai écrit cette documentation. Une documentation un peu simpliste
permet de mettre plus facilement le pied à l'étrier avant de monter réellement
en selle.
La documentation de Emacs
est au format « info ». Elle
autorise donc une gestion de liens hypertextes, comme le HTML
. Il
suffit donc soit de cliquer soit de le faire avec le clavier (M-v
puis « Entrée »). C'est donc très simple de chercher une
information.
Il existe quand même un écueil de taille pour nombre d'anglophobes: la documentation est exclusivement en anglais... Mais ne vous inquiétez pas: si vous possédez des rudiments, et à l'aide des mots-clés que je me suis efforcé de traduire tout au long de cette documentation, vous devriez vous en sortir...
J'ai mis un drapeau [initié] lorsque la documentation ne concerne pas du tout le débutant et [tout public] sinon. Attention, ce dernier drapeau ne veut pas dire pour autant que le sujet est facile mais qu'il contient des informations essentielles pour débuter.
C-h t : lance un tutoriel. Normalement, le présent document devrait déjà vous avoir sérieusement dégrossi. [tout public]
C-h p : liste les différents thèmes traités par Emacs
puis la liste des paquetages correspondants. [initié]
C-h F : lance la « Foire aux questions », dites FAQ. Ce sont les questions les plus fréquemment posés par les débutants sur les différents groupes de discussions (« Frequently Asked Questions »). Lecture plus qu'indispensable[5]. [tout public]
C-h i : lance le manuel info. Ce n'est pas spécifique à
Emacs
mais vous en apprendrez sur tout votre système. [tout
public]
C-h C-f : information au sujet d'une commande [tout public]
C-h C-k : information au sujet de la commande associée à une séquence de touches. [tout public]
C-h C-c : Licence de Emacs
[A LIRE]
C-h C-p : Information sur le projet GNU
C-h C-w : La non-garantie de Emacs
[A LIRE
ABSOLUMENT]
Il existe d'autre part un excellent ouvrage en français sur GNU
Emacs
, même s'il a un peu vieilli, surtout pour les à-côtés (courriel
notamment).
« Introduction à GNU Emacs
», Debra Cameron
& Bill Rosenblatt. traduction de Jean-Baptiste Yunès. Édition
O'Reilly (2ième édition) ISBN: 2-84177-015-X
p.karatchentzeff@free.fr